Figeac. Printemps 1944 : six femmes dans la tourmente

  • C’est au café Glacier que furent regroupés les prisonniers. Photo collection Gilles Hermet
    C’est au café Glacier que furent regroupés les prisonniers. Photo collection Gilles Hermet
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Correspondant

Dans la série de ce terrible printemps 1944, et avec l’aide de Pascal Malet, revenons sur quelques destins de femmes.

Figeac, le 23 avril 1944, trois hommes sont tués et 14 personnes dont 6 femmes sont arrêtées, et emmenées au siège de la Gestapo de Cahors. Parmi elles, la mère et la première épouse d’Henri Vayssettes sont relâchées deux jours plus tard, alors que son père, et trois autres femmes, Berthe Wilner et ses deux filles, Jane et Nadia, sont transférées le lendemain à la prison Saint-Michel de Toulouse. Ils y restent jusqu’au 5 mai, le temps de rassembler suffisamment de Juifs pour organiser un convoi vers Drancy où elles arrivent le 7 mai. Elles partent vers Auschwitz le 20 mai par le convoi n° 74 en même temps que 1 200 personnes, hommes et femmes. À l’arrivée au camp cinq jours plus tard, elles seront immédiatement gazées, parmi 900 autres juifs.

La 6e femme est Denise "Mimy" Juskiewenski qui, après un interrogatoire sur les activités de son mari, est aussi conduite à la prison Saint-Michel. Le 23 mai, elle prend le chemin du camp de Romainville. Le 8 juin, en compagnie de 50 autres prisonnières, elle part à destination de Ravensbrück, et fait halte à Neuen Bremm, près de Saarbrücken, un camp de triage très dur où par bonheur elle ne reste que peu de temps, l’ordre de la libérer arrivant, signé d’un des chefs de la Gestapo de Toulouse. Le 26 juin, les 49 autres femmes partiront vers Ravensbrück et Buchenwald où 11 y trouveront la mort.

Pourquoi la Gestapo est-elle intervenue pour demander sa libération ? Peu de temps avant, le Docteur Déodati, chirurgien ophtalmologue toulousain ami des familles Moles et Juskiewenski, avait sauvé l’œil de ce chef de la Gestapo par une très importante intervention, ce dont il lui fut reconnaissant, en l’assurant que s’il avait des ennuis avec la police allemande, il pourrait faire appel à lui. Mais l’intervention de la Gestapo ne demandant que sa libération du camp, Denise Juskiewenski doit encore rester à Saarbrücken en tant que domestique chez un épicier en gros dont la femme est malade. Comme elle le dira plus tard, elle s’échappe en profitant du voyage d’un ami de la famille qui se rend à Paris. Elle y arrivera le 13 août.

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