Castres. L’hommage d’Henri Gayraud aux héros injustement oubliés

  • Henri Gayraud devant la plaque apposée à l’entrée du site de La Michonne, avenue d’AlbiPhoto DDM, S. F.
    Henri Gayraud devant la plaque apposée à l’entrée du site de La Michonne, avenue d’AlbiPhoto DDM, S. F.
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S. F.

l'essentiel L’ancien instituteur des Salvages évoque une page d’histoire à travers la présence de deux plaques apposées avenue d’Albi et route de Roquecourbe.

Discrètes, l’une est visible à l’angle de la route des Salvages et de l’avenue de la Grande-Armée, aux Salvages. On peut y lire : "D’ici partit en 1939 le 203e régiment d’artillerie 32 DI Lorraine – Flandre – Dunkerque". La seconde est apposée près de l’entrée du site de La Michonne, avenue d’Albi. Quasiment identique.

Elles n’ont pas manqué d’interpeller Henri Gayraud, féru d’histoire locale, qui, tel un devoir de mémoire, souhaite porter à la connaissance des Castrais l’héroïsme de "nos anciens".

Instituteur aux Salvages pendant trente années avec son épouse Gisèle, à l’origine de la création de la MJC des Salvages, en 1985, Henri Gayraud s’est donné une mission quand l’heure de la retraite a sonné : "Visiter mon passé historique pour le conter à mes petits-enfants." À bientôt 90 ans, il a tenu sa promesse en revisitant historiquement la campagne de 1939-1940, en écrivant un document sur l’armistice de 39-40 ou encore sur le débarquement en Algérie en 1932. "Puis j’ai décidé de ne lire que des ouvrages de mon temps historique. Le confinement a été le déclencheur."

L’abbé Frezouls parmi les mobilisés

L’autre élément, un ouvrage que l’abbé Frezouls, curé des Salvages pendant trente ans, avait offert à Henry Gayraud au cours de sa carrière d’enseignant : "Il m’appelait notre éducateur de jeunesse. Il a fait partie des mobilisés de la 32e division avec son frère d’armes le révérend père d’En Calcat de Maurant. Il fit l’historique des combats de la 32e division d’infanterie dans deux livres, "De la Lorraine à Dunkerque" et "Les Derniers Combats pour la défense de Dunkerque"."

Henri Gayraud s’est donc intéressé à cette page de l’histoire locale dont les rares témoignages demeurent ces deux plaques, posées selon lui en 1946. "J’avais 5 ans en 1939, à l’heure de la mobilisation générale. Je pense aux 500 réservistes, peut-être plus, qui étaient aux Salvages et à La Michonne. Ils faisaient donc partie de la 32e DI (une division représente 15 000 hommes), qui avait recruté à Auch, à Rodez, Castelnaudary, Montpellier, Lunel et les deux de Castres. Ils sont partis en septembre 1939 en direction de la frontière de la Lorraine et la "drôle de guerre". La 32e DI fut engagée dans deux grands affrontements : la Flandre en Belgique et Dunkerque. "Le 16 mai 1940, dans une journée, la France a perdu 65 000 morts et la 32e DI en a perdu 7 500, quasiment la moitié de son effectif, précise Henri Gayraud. Dans la défense du camp retranché de Dunkerque, qui était commandé par un Tarnais, l’amiral Abrial, elle perdit les deux tiers de l’effectif restant. Soit 3 500 militaires rapatriés par les Anglais avec ce qui va rester du régiment de Castres. Les rescapés, à part quelques chanceux, furent capturés en Normandie lors de la cession des combats. Deux bataillons de la 32e DI furent, en mission de sacrifice, les derniers défenseurs de la poche de Dunkerque, ce qui leur valut la captivité et... une citation à l’Ordre de l’armée !"

Voilà résumée cette page d’histoire locale qu’Henri Gayraud détaillera dans une conférence qu’il donnera à la MJC des Salvages le 7 février prochain, à 17 heures, dans le cadre des Rendez-vous du mercredi. Tel un hommage "à ceux tombés qui n’ont pu raconter les faits" et en souvenir de l’abbé Frezouls qui a pu livrer son "témoignage de vérité sur les aînés de 1939-1940".

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